Rechercher

Recherche sur les poissons dans Eeyou Istchee

On recrute actuellement des pêcheurs à Waskaganish, Eastmain, Wemindji, Chisasibi, et Whapmagoostui pour un projet de recherche universitaire qui touche l'ensemble du Nord canadien.

Par Denis Lord, Initiative de journalisme local- LA SENTINELLE

Ce projet de Génome Canada s'intitule FISHES, pour Fostering Indigenous small?scale fisheries for Health, Economy, and food Security (développement des pêcheries autochtones à petite échelle pour la santé, l'économie et la sécurité alimentaire).

Le projet est encadré par des chercheurs de l'Université Laval et de l'Université Concordia.

Dans une présentation vidéo, Louis Bernatchez, un chercheur de l'Université Laval reconnu comme une sommité canadienne en matière de génétique de poissons explique que les poissons dans le Nord font face à des défis particuliers: le réchauffement climatique est trois fois plus rapide que celui de la moyenne planétaire; l'extraction des ressources et l'augmentation des transports constituent un risque pour les pêcheries et la biodiversité.

Pour le chercheur, le Nord ne bénéficie pas de la même information scientifique de pointe que le Sud. " Ça crée une forme d'iniquité dans l'allocation de ressources et l'aide au développement économique ", explique le docteur Bernatchez.

Pour lui, la solution pour la croissance durable des pêcheries est d'utiliser les outils de la génomique déjà disponibles pour les autres pêcheries canadiennes.

La base des données qui sera développée servira à évaluer la vulnérabilité des poissons aux futures conditions climatiques, à développer des outils pour une gestion des pêcheries pour la sécurité alimentaire et le développement économique.

Connaitre les différentes populations à l'intérieur d'une espèce

Félix Boulanger est biologiste au Conseil de gestion des ressources fauniques de la région marine d'Eeyou Istchee, l'organisme qui recrute actuellement les pêcheurs locaux pour participer à FISHES.

" Il n'y a pas de pêche commerciale dans les plans ici, de dire M. Boulanger, mais ça reste des informations qui nous servent à suivre la santé des populations de chaque espèce de poisson. "

Dans le cadre du projet, les différentes populations de corégones, de ciscos et de truites mouchetées sont échantillonnées.

" Il y a différentes populations à l'intérieur d'une même espèce de poisson, explique le biologiste. La façon de les différencier, c'est qu'elles retournent à leur site de fraie d'origine pour se reproduire. Par exemple, pour le cisco de la baie James, certains se reproduisent dans la rivière Rupert, d'autres dans la rivière Nottaway. Elles sont potentiellement distinctes génétiquement. "

Un premier échantillonnage est fait à l'embouchure de la rivière, près des sites de fraie, et un autre, plus global, dans la baie, qui servira à évaluer les pourcentages des différentes populations d'une même espèce.

" Évidemment ici, il n'y a pas de gestion des stocks qui est faite à grande échelle, note Félix Boulanger, mais avec le temps, ce sont des informations qui pourront nous aider, par exemple [...], si ces pourcentages changent plus tard, ça pourra être parce qu'il y a un problème de fraie ou d'habitat spécifique à une rivière.

Un projet sur quatre ans

Il peut suffire de prélever la nageoire caudale pour avoir des infos génétiques. Celle-ci est ensuite envoyée à des laboratoires universitaires.

Les pêcheurs qui participent reçoivent une compensation journalière et une allocation pour leur bateau. " C'est la deuxième année sur le terrain, précise Félix Boulanger. L'an dernier, avec la pandémie, ça a été difficile d'atteindre les objectifs. On devrait continuer l'an prochain, mais ça dépend un peu de ce qu'on fait cette année.

FISHES se déroule aussi au Nunavut, au Nunavik, aux Territoires du Nord-Ouest et chez les Cris de l'intérieur, mais parfois avec d'autres variétés de poissons.

Auteur : Initiative de journalisme local

Catégorie : Pêche

Publié le : 2021-06-27 03:18:23