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Un inquiétant plan de gestion pour la mouchetée souhaitée par Québec

Baisse de la limite permise, obligation d’utiliser un seul type d’hameçon, voilà deux éléments que l’on retrouve dans le futur plan de gestion de la truite mouchetée 2020-2028 du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Si on se fie au document de présentation, la situation de la truite mouchetée est critique au Québec. Il faut toutefois s’interroger sur la valeur des données mises de l’avant comme explications au plan de gestion.

Il est mentionné que les pêcheurs de truites mouchetées sont près d’un million, ce qui signifie qu’il y a plus de pêcheurs que de permis vendus, environ 600 000 annuellement.

Il est aussi question de 16 millions de poissons capturés et 12 millions de poissons récoltés. Cela signifie donc qu’il y aurait 4 millions de remises à l’eau de la part des pêcheurs.

Pourtant, le document du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) reconnaît le manque de données. «Malgré que ce soit l’espèce vedette à la base de l’industrie de la pêche sportive, il n’y a aucun portrait de l’état des populations», lit-on dans le document.

Cependant, les spécialistes doivent certainement avoir une source d’informations quelconque pour en venir à leur plan de gestion.

Certes, il y a bien eu des études sur certains lacs et un sondage auprès des pêcheurs. Mais encore là, dans la proposition, on ne présente pas le pourcentage des pêcheurs approchés et surtout le nombre de réponses obtenues.

Pour arriver aux conclusions citées plus haut, il faut espérer que ce nombre était très important.

LA PÊCHE, LA GRANDE FAUTIVE

Si on se fie aux commentaires émis par les spécialistes, 50% des populations de truites mouchetées en lac sont en état de surexploitation.

Derrière tout ce qui est présenté dans le document, la grande fautive du véritable désastre de la population de truites mouchetées du Québec, c’est la pêche sportive.

Afin d’enrayer ce mal, les spécialistes ont décidé de présenter certaines mesures pour«réduire la mortalité par la pêche.»

Ils suggèrent de réduire de façon importante la saison de pêche, de baisser la limite de prises et de possessions. Par exemple, dans les Mont-Valin et sur la Côte-Nord, on voudrait passer de 20 truites à 15 truites comme limite.

On voulait aussi imposer une limite de taille, mais l’idée a été abandonnée.

Finalement, il y aurait l’imposition d’un nouveau type d’hameçons afin de faciliter la remise à l’eau, peut-on lire.

On voudrait que les pêcheurs utilisent un hameçon circulaire lorsqu’ils pêchent avec un appât naturel ou un ver de terre si vous préférez. Alors, si vous avez d’autres modèles d’hameçon dans votre coffre, préparez-vous à les jeter pour ne pas être illégaux, si la nouvelle mesure est adoptée.

Les spécialistes du MFFP y croient vraiment. Sans attendre les résultats de la consultation, lors du dernier salon de chasse et pêche tenu à Québec, au kiosque du MFFP, on distribuait des hameçons circulaires aux visiteurs.

Dans le document remis aux partenaires, il est bien indiqué que : «l’obligation d’utiliser un hameçon circulaire pour la pêche sportive entrera en vigueur uniquement lorsque le Règlement de pêche du Québec sera modifié.»

Puisqu’ils en distribuaient aux visiteurs, il faut croire qu’ils ont confiance de voir leur mesure approuvée.

PAS DE COMMENTAIRES

Lorsque nous avons demandé aux instances du MFFP d’avoir une copie du projet, nous avons eu comme réponse qu’il fallait attendre la fin des consultations pour pouvoir le consulter.

Même en plaidant le fait que les pêcheurs ont le droit de savoir, on nous a répondu non. Heureusement, nous avons pu obtenir une copie parce que l’on a oublié que l’auteur de ces lignes a plus d’un tour dans son sac!

Du côté des organismes de la faune, il a été impossible d’obtenir des commentaires parce que les organisations impliquées ont signé une entente de confidentialité.

Depuis un certain temps, il semble bien que se soit la norme de travailler à des changements aussi majeurs, derrière des portes closes, à l’abri des questions compromettantes ou une période de mises en doute des affirmations fournies.

Il faut maintenant espérer que le nouveau ministre, Pierre Dufour, va intervenir et changer ces habitudes.

Depuis quelques années, de nombreux efforts sont consentis pour créer une relève à la pêche parce que le nombre des permis vendus baisse continuellement.

Il semble que certains fonctionnaires n’ont pas compris que ce n’est pas en augmentant les restrictions, que l’on va créer un engouement pour l’activité chez la relève.

Si la truite mouchetée a vraiment un problème, il vaudrait mieux penser à de l’éducation auprès des pêcheurs au lieu de les emmerder.

La remise à l’eau de cette espèce est discutable.

Reproduction autorisée par Julien Cabana de sa chronique parue dans le Journal de Québec.

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Pêche

Publié le : 2019-04-09 11:29:16