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Un décret d’Ottawa activerait Québec à protéger le caribou

Les responsables des dossiers du caribou à la Fondation David-Suzuki appuient les intentions du ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbault, qui a récemment sommé Québec de protéger l’habitat du caribou, sinon il le ferait à sa place.

Un décret protégerait les habitats du caribou dans leur intégralité, et pourrait durer cinq ans. La « Loi sur les espèces en péril », prévoit des sanctions en cas de non-respect de l’ordonnance.

« Pour nous, comme ma collège Rachel Plotkin, nous sommes d’accord pour dire que ce décret serait un pas en avant pour se dépêcher d’agir face à l’urgence de protéger le caribou partout au Canada », estime Melissa Mollen-Dupuis, de la Fondation David-Suzuki, animatrice et militante Innue responsable de la campagne forêts, et de la protection de l'habitat du caribou forestier en territoires autochtones.

Ce qui est de singulier dans ce dossier au Québec, dit-elle, c’est que le gouvernement provincial ne réagit pas au niveau même de l’urgence.

« Ottawa pousse dans le dos de Québec devant cette situation qui est de sa compétence, mais qui n’agit pas pour sa compétence. Cette attitude parle beaucoup des inquiétudes chez tous les milieux autochtones, environnementaux et même des chasseurs, touchés par la disparition du caribou et par l’inaction de Québec »,

Les caribous dans le chemin de l’économie

En entrevue à « Rendez-Vous Nature », Melissa Mollen-Dupuis, reconnaît que plusieurs gouvernements québécois se sont passé le flambeau depuis que l’on parle de la fragilité du caribou.

« En 2014, le gouvernement Couillard disait qu’aucun emploi ne devait être perdu pour sauver le caribou. Aujourd’hui, on voit des enclos pour le protéger. Comme femme Innue, ça me rappelle quand on a commencé à mettre les Premières nations dans des réserves, parce qu’on était dans le chemin. Pour les caribous de la Gaspésie, j’ai l’impression qu’on installe des enclos à long terme, parce qu’ils sont dans le chemin d’une économie », ajoute Melissa Mollen-Dupuis.

Celle-ci rappelle la harde de caribous forestiers de Val-d'Or, du Lac Simon, qui en 2017 devait être transférée au Zoo sauvage de Saint-Félicien, au Saguenay-Lac-St-Jean, par l’ex-ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette.

« Le public a réagi et Québec a mis les caribous dans des enclos en nature. Ce qui a démontré la même réflexion de tasser l’élément naturel (caribou) pour aller chercher la ressource (forêt) ».

La faute à tous sauf au MFFP

Le caribou est important dans son rôle en forêt et dans la vie des nations autochtones.

« Les Innus dépendent du caribou depuis des milliers d’années. On fait des efforts pour réduire la chasse de cette « viande interdite ». Quand j’ai entendu le ministre Pierre Dufour reprocher aux Innus de Nutashkuan, de nuire à ses actions pour protéger le caribou forestier parce qu’ils avaient prélevé 10% d’un cheptel de 500 bêtes pour nourrir la communauté, sa réaction a été comme s’il jetait les membres de cette communauté sous les roues d’un autobus. Ça va être la faute de tout le monde sauf au ministère Forêts, Faune et Parcs Québec (MFFPQ), qui a le dossier dans ses mains. Ce ministère est plus tourné vers l’économie de la forêt, et non la protection et la subsistance de la forêt et des animaux qui y vivent, comme ça devrait être son rôle », dit-elle.

On peut entendre ou réentendre cette entrevue avec Melissa Mollen-Dupuis en cliquant sur le lien ci-dessus.

 

Photo du bas:

Melissa Mollen-Dupuis, de la Fondation David-Suzuki. (Photo courtoisie Melissa Mollen-Dupuis)

Auteur : Ernie Wells

Catégorie : Nouvelles

Publié le : 2022-04-25 17:42:29