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Les cabanes à sucre font preuve de résilience

Les cabanes à sucre commerciales de la Mauricie ont dû faire preuve d'imagination pour traverser la pandémie.

Par Boris Chassagne, Initiative de journalisme local - LA VOIX DU SUD

 

Plusieurs se sont tournées vers le commerce électronique et les plats préparés pour éviter le pire. Et les troupes s'organisent à l'aube de la saison des sucres.

L'Association des salles de réception et érablières du Québec leur donne un fier coup de main et lance, avec la collaboration de 195 marchés Métro, la campagne macabanealamaison.com. Les boîtes gastronomiques de 70 cabanes à sucre commerciales de la Mauricie et de la province vont y trouver une niche.

"Ça ne coûte rien aux cabanes à sucre participantes mis à part l'investissement des contenants et des boîtes de carton." Il s'agit de "sauver la tradition des sucres pour que nous puissions nous rassembler à nouveau dans ces lieux festifs, l'an prochain", précise Stéphanie Laurin, pilier du projet et présidente de l'ASEQC.

Il fallait intervenir, dit-elle, au nom des 200 cabanes à sucre commerciales avec salle à manger du Québec. "Les cabanes à sucre sont à risque de ne plus jamais servir de repas. On en aurait déjà perdu une quarantaine", soutient Mme Laurin. "Ce sont des droits acquis de génération en génération sur des terres zonées agricoles et ces droits se perdent" lorsqu'elles ferment leurs salles.

La campagne espère générer des retombées économiques de 10 M$ sur deux mois. "Hier on a eu près de 130 000 visites sur le site internet et plusieurs milliers de commandes en une seule journée."

Au Domaine du Sucrier de Saint-Boniface, Guy Berthiaume et Manon Shallow se sont eux aussi retroussés les manches. Mme Shallow est d'ailleurs la porte-parole de la campagne pour la Mauricie. "On garde notre identité. Chaque cabane a ses saveurs, travaille ses mets à sa façon, ses recettes. C'est comme un vignoble! Quand on a fermé la cabane à sucre l'an dernier, si on n'avait rien fait, on perdait 90% de notre chiffre d'affaires", explique Manon Shallow. "Dans le projet macabanealamaison, on s'est mis ensemble. On s'investit beaucoup. On ne veut refuser aucune commande."

Le Domaine sera présent dans les étals de neuf marchés Métro de la Mauricie, jusqu'à Louiseville, Sainte-Anne-de-la-Pérade et Saint-Grégoire. Aussi, dans les stationnements de quatre Métro de Trois-Rivières, Saint-Tite et Shawinigan. "On croit au projet, les compétiteurs sont devenus des collaborateurs", ajoute Mme Shallow.

La bedaine au poêle

Tous les fours sont au rouge à L'Érablière chez Lahaie de Shawinigan, fondée en 1911 par les arrières grands-parents d'Annie Vallée, propriétaire de la plus vieille érablière de la région. Elle qui accueille en temps normal près de 185 personnes à sa table. Mme Vallée garde le fort et n'a aucune intention de gaspiller 100 ans d'histoire dans une pandémie.

Elle qui au lendemain du confinement de mars 2020 ouvrait ses fourneaux aux plats pour emporter. "La réaction a été immédiate, le téléphone s'est mis à sonner. Les gens ont été très solidaires. Puis j'ai fait un menu poulet frit, tout l'été, tout l'automne." Mme Vallée dit avoir été la première en Mauricie à adhérer à macabanealamaison. Ça permet surtout de faire le pont vers l'après-pandémie, car mariages, fêtes, réunions corporatives, tout est tombé.

"Ça ne s'imagine pas l'impact financier, c'est épouvantable. J'ai eu l'occasion d'échanger avec d'autres propriétaires dans le regroupement et certains sont vraiment mal pris. J'ai un attachement particulier qui me donne l'énergie et goût de me dépasser pour leur rendre hommage et assurer la pérennité de tout ça. Ce n'est pas une pandémie qui va venir à bout de nous, ça, c'est sûr."

Auteur : La Presse Canadienne

Catégorie : Nouvelles

Publié le : 2021-03-20 10:13:45