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Pas facile de déjouer le dindon sauvage

De tous les gibiers qu’il est possible de récolter au Québec, le dindon sauvage est celui qui pose le plus grand défi.

Dans quelques semaines, des milliers de chasseurs vont tenter leur chance. Une bonne préparation est gage de succès.

Selon l’expert Mario Huot, « ces oiseaux rusés voient à plus d’un kilomètre et possèdent un sens inné pour le camouflage. Avec un vocabulaire de plus de 29 sons et cris différents, la récolte de ce gibier devient un défi ultime. »

Fort d’une expérience de 33 ans, avec des parties de chasse dans plus de cinq États américains et deux provinces canadiennes, il dit avoir appris de ses essais et de ses erreurs pour déjouer le gros oiseau. 

« Une des chasses les plus frustrantes et en même temps l’une des plus excitantes » se plaît-il à dire. Il a accepté de prodiguer des conseils aux chasseurs, histoire de les empêcher de commettre des erreurs coûteuses.

Une fois que vous aurez prospecté pour trouver un terrain qui a du potentiel, il ne faut pas vous installer trop près du site du perchoir des dindons.

« Cet oiseau se perche la nuit. Il n’aime pas se faire déranger durant son sommeil. Les bruits de chasseurs installant leur campement, des lumières bougeant en pleine nuit pour préparer votre camouflage, pourraient semer un doute chez les oiseaux perchés dans leur arbre. Vous les réveillez et ils vous voient. N’allez surtout pas croire qu’ils oublieront tout ça dans quelques minutes, au lever du soleil. Ils choisiront d’aller se poser à environ 100 mètres de vous et se moqueront en répondant à chacun de vos appels sans s’approcher. Ils partiront après un certain temps, sans demander leur reste. »

Une autre erreur que l’expert souligne, c’est le fait de placer son camouflage n’importe où.

« Le dindon sauvage est très routinier. Il faut donc faire beaucoup de prospection pour comprendre sa routine et penser à un endroit stratégique pour installer son camouflage, à la fois assez loin de son perchoir, mais assez près de sa source de nourriture et de repos de jour. Si vous êtes moins confiant avec vos techniques d’appel, l’entrée en forêt des bêtes après quelques heures passées au champ devient un endroit idéal pour surprendre les oiseaux. »

D’AUTRES IDÉES

Votre comportement durant les premières minutes de votre demi-journée de chasse peut faire une différence importante.

« L’appel du matin doit se faire aux premières lueurs du jour. Un appel hâtif ne fait que créer un doute. Idéalement, je conseille d’attendre de voir ses appelants avant d’appeler ou encore laisser les mâles commencer le bal avec leur glouglou traditionnel. Alors, vous avez le choix entre faire l’appel du dindon qui est encore dans son arbre, ou celui du mâle indiquant clairement à tous qu’un nouveau mâle vient de faire son apparition dans leur territoire. Un appel de provocation. »

Une bonne connaissance de son arme sera aussi un atout majeur.

« Connaître la distance de tir maximale de son fusil est primordial. Il faut effectuer un exercice de tir pour savoir à quelle distance le regroupement des plombs sera le meilleur. Cette information est essentielle pour connaître la distance à laquelle vous pourrez installer vos appelants, par rapport à votre site. En tenant compte du fait que le dindon n’a pas de mémoire visuelle, vous pouvez faire la présentation des appelants très près de vous. S’ils sont trop loin, vous devez attendre que le mâle, parfois craintif, soit très près de vos appelants. Si vous les disposez à peine à dix mètres, vous aurez alors un rayon d’action vraiment large, advenant la réticence ou le doute du mâle à approcher de votre stratagème. »

NE PAS NÉGLIGER LE CAMOUFLAGE

La dernière erreur à éviter, selon l’expert, c’est de négliger votre camouflage.

« L’acuité visuelle du dindon est d’un kilomètre, ce qui signifie que le masque, les gants et un habit de camouflage sont nécessaires. Trop souvent, on voit l’oiseau dans l’assiette lorsqu’il se pointe à 50 mètres de nous. Mais la partie n’est jamais gagnée tant et aussi longtemps que le coup de feu n’a pas porté. Le simple fait de bouger votre fusil en direction de la cible, une tête qui bouge dans la tente camouflage ou encore une monture de lunettes qui brille au soleil peuvent faire disparaître le troupeau de dindons, à la vitesse de l’éclair. »

 

Photo fournie par Mario Huot

Il avait de quoi être fier lorsqu’il a prélevé cet imposant mâle.

Tous ces détails fournis par Mario Huot montrent bien que la chasse au dindon, ce n’est pas si facile.

Nous allons vous revenir sous peu avec des détails pour réaliser une bonne prospection, un élément essentiel pour mettre les chances de votre côté. 

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Chasse

Publié le : 2023-04-06 18:39:26