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Protéger la femelle orignal est important

De nombreux intervenants du milieu de la chasse ont réagi à la suite de la publication des résultats de la récolte d’orignaux lors de la dernière saison de chasse.

Plusieurs réclament l’augmentation des mesures pour protéger la femelle orignal.

On se souviendra qu’au début des années 2000, dans le but d’augmenter le nombre d’orignaux dans le cheptel du Québec, la mesure de l’alternance – protection de la femelle une saison sur deux – avait donné des résultats très intéressants. 

La population d’orignaux a doublé, atteignant plus de 110 000 bêtes avant chasse, alors qu’elles étaient un peu plus de 60 000, avant la mise en œuvre du plan de gestion.

« Lorsque l’on a mis de l’avant certaines mesures du plan de gestion en 2014, on a créé une machine à manger des orignaux parce que la population était trop élevée dans plusieurs régions, d’expliquer Simon Lemay de la pourvoirie Le Chasseur. Il fallait baisser le niveau de population, mais maintenant, après les résultats de l’automne dernier, il faut que la machine s’arrête. Le plan de gestion qui devait sortir en 2023 n’arrivera qu’en 2026. »

« On ne peut pas laisser les choses aller sans intervenir. Nous avons écrit une lettre au ministre pour lui faire part de nos inquiétudes. Il a la possibilité d’intervenir et d’arrêter l’hémorragie. »

SITUATION PRÉCAIRE

Ce pourvoyeur, reconnu comme l’un des meilleurs dans son domaine en ce qui a trait à l’orignal, fait partie d’un groupe de 10 territoires fauniques du Bas-Saint-Laurent et de certains de la Gaspésie, qui jugent la situation de l’orignal précaire. 

« L’inventaire aérien de l’an dernier dans la zone 2, le Bas-Saint-Laurent, affiche une importante diminution du cheptel d’orignaux, qui ne sont plus que 7,4 aux 10 km2, d’expliquer le porte-parole du groupe, Guillaume Ouellet, qui est aussi président de la Zec Bas-Saint-Laurent. Le ministre doit absolument imposer la chasse restrictive pour 2023, afin de protéger les femelles et conserver une chasse de qualité pour l’avenir. »

ADAPTER LE SYSTÈME

Présentement, le système mis de l’avant pour la réglementation de la chasse à l’orignal est celui de l’alternance. Cela signifie qu’une année sur deux, les chasseurs peuvent récolter tous les segments de populations à savoir les mâles, les femelles et les veaux.

Sur les territoires organisés comme les pourvoiries et les réserves fauniques, il est possible pour les gestionnaires d’ajuster le nombre de permis de femelles disponibles ou de diminuer le nombre d’orignaux prélevés. 

C’est ainsi que devant la baisse du cheptel, Simon Lemay a choisi de diminuer le nombre d’orignaux prélevés sur son territoire. 

Dans la réserve faunique de Rimouski, on a baissé le nombre de groupes de chasseurs. Dans la réserve faunique des Laurentides, le nombre de permis de femelles attribués est passé de 200 il y trois ans à 39 il y a deux ans, puis à 0 l’automne dernier. Voilà des exemples de saine gestion.

UN TABLEAU RÉVÉLATEUR

Dans la région 01, en Gaspésie, on a choisi d’attribuer le nombre de permis de femelles disponibles à chaque année, via un tirage au sort. Ce modèle pourrait être étendu à l’ensemble
du Québec. 

Il existe un tableau très révélateur dans les dossiers du ministère qui explique clairement les différences entre les méthodes de prélèvement de la femelle en temps de chasse.

Ainsi, lorsqu’une femelle qui a deux faons est abattue, il y a 50 % des chances que l’un des faons meure. 

Au bout de cinq ans, la descendance du faon qui aura survécu sera de cinq bêtes, soit trois adultes et deux faons.

Si on y va avec la survivance des deux faons, au bout de cinq ans, la descendance sera de huit adultes et quatre faons. 

Sur le même tableau, on indique que s’il y a une récolte sélective ciblant le faon, au bout de cinq ans, la femelle sauvée et l’autre faon seront responsables de l’apparition de 10 adultes et de cinq faons. 

Voilà la preuve scientifique que la protection de la femelle adulte permet d’augmenter considérablement le nombre d’orignaux très rapidement. 

Si on extrapole le principe, que l’on applique ici à une seule femelle, à toutes les femelles du troupeau québécois, au bout de cinq ans, on peut espérer des milliers d’orignaux de plus dans le cheptel québécois. 

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Chasse

Publié le : 2023-02-06 09:55:40