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L’homme qui parlait aux canards

Depuis près de 60 ans, Roger Gladu a consacré sa vie de chasseur aux oiseaux migrateurs. Canards, oies blanches, outardes et autres n’ont plus de secrets pour lui. Il connaît leur langage. 

« J’ai commencé vers 10-12 ans avec mon père. Je suis rendu à 72 ans. Si je compte bien, ça fait près de 60 ans que je consacre ma vie à cette chasse, explique celui que plusieurs considèrent comme le doyen du domaine. De 1963 à 1980, alors que je travaillais en usine, la chasse aux oiseaux migrateurs était un loisir seulement. C’est en 1980 que j’ai décidé de partir une pourvoirie de chasse aux oiseaux migrateurs et à la pêche, dans la région du lac Saint-Pierre. Aujourd’hui, je gère un territoire exclusif qui est la Commune de l’Île Dupas. C’est là que sont concentrées mes activités de chasse. Nous y avons des terrains aménagés qui me servent comme sanctuaire pour attirer les oiseaux le soir lorsqu’ils se posent pour la nuit. Nous chassons autour, jamais sur ces terrains. »

Cette façon de faire lui permet d’offrir aux chasseurs de bonnes chances de réussite. 

« Le matin, lorsque les canards sortent de cette aire de repos, les chasseurs ont la possibilité de faire une très belle chasse. Ainsi, la chasse est bien contrôlée autour du territoire. Je veux spécifier aussi que je ne prends pas deux groupes de chasseurs par jour. Si les deux chasseurs qui sont avec moi récoltent leurs 12 canards, six chacun, à 9 h le matin, la chasse est terminée sur le site pour la journée », précise M. Gladu.

« Cette façon de faire me permet d’offrir une excellente qualité de chasse aux chasseurs qui me font confiance. Les canards reviennent dans mes aménagements et aussi, il en revient toujours des nouveaux. »

SES FIDÈLES COMPAGNONS

Depuis ses tous débuts, l’expert a toujours chassé avec des chiens rapporteurs. Présentement, Radar et Black partagent toujours ses aventures.

« Nous avons tout le temps les chiens rapporteurs, mes autres guides aussi. Pour moi, je calcule qu’un oiseau perdu est un oiseau gaspillé. Aussi, lorsque nous avons nos chiens qui vont chercher les oiseaux qui ont été blessés, ça signifie que nous allons terminer la chasse plus vite et éviter ainsi de blesser trop d’oiseaux. Durant toute une saison de chasse, la perte d’oiseaux se limite à 3 % ou 4 %. Je considère que d’avoir avec nous nos fidèles compagnons fait en sorte que l’espèce est protégée parce qu’il n’y a pas de pertes indues. Aussi, il y a beaucoup moins de coups de feu autour de l’aménagement qui sont faits, ce qui assure une bonne relève pour les chasseurs. »

Il s’assure de toujours avoir d’excellents chiens pour le seconder.

« J’ai acheté mes chiens du chenil de la Rivière-Blanche. Ils sont dressés par le propriétaire pour rapporter les canards, les traquer et les trouver. Ce sont vraiment d’excellents compagnons. »

Annuellement, il partage avec de nombreux chasseurs qui vivent la même passion que lui.

« Notre saison dure environ 45 jours. Avec mon équipe, nous recevons quatre groupes de deux chasseurs par jour, ce qui représente un total d’environ 400 chasseurs durant un automne de chasse. Nous sommes quatre guides. »

Au niveau de la récolte, les chiffres démontrent un succès très intéressant pour les amateurs qui lui font confiance avec son équipe.

« Il faut garder une certaine qualité d’expérience de chasse. Il ne faut surtout pas placer huit chasseurs dans une même cache. À deux chasseurs, qui peuvent récolter un total de 12 canards, c’est mieux pour tout le monde. Sur les sites, nous installons jusqu’à 300 appelants dans un seul marais. Lorsque les canards viennent pour se poser, les chasseurs ont alors une opportunité de tirs très faciles. La limite de possession quotidienne est de six avec un total de 18 pour trois jours. Sur les 400 chasseurs, on peut dire que la moyenne tourne autour de 4,5 canards par chasseur par jour. »

L’AVENIR

Après toutes ces années, ce pionnier a vécu beaucoup de choses. Nous lui avons demandé comment il voyait l’avenir de la chasse du canard.

« Présentement, on peut dire que le nombre d’oiseaux dans le couloir migratoire de l’Atlantique a baissé un peu. Dans le passé, il y avait entre 600 et 700 marais appâtés autour du lac Saint-Pierre. Maintenant qu’il n’y en a plus ou presque. Les oiseaux vont ailleurs. Il ne faut pas oublier que ce qui fait arrêter les oiseaux dans un endroit donné, ce sont les sites où ils peuvent se nourrir. Aujourd’hui, on voit des oiseaux migrateurs dans les champs de maïs un peu partout. Ce n’était pas le cas auparavant. Mais, malgré tout cela, nous sommes encore capables de faire de belles chasses chez nous. Je ne suis pas près de perdre mon amour pour cette chasse qui m’a fait vivre de très beaux moments. »

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Chasse

Publié le : 2022-09-14 16:52:23