Rechercher

Le chevreuil sera au rendez-vous, mais...

Même si l’hiver dernier a été assez rude pour le chevreuil au Québec, selon les spécialistes, le cheptel actuel devrait permettre aux amateurs de chasse de connaître une bonne saison cet automne.

« Il est certain que l’hiver dernier a été difficile dans plusieurs régions du Québec, ce qui nous a amenés à prendre certaines décisions, lance le responsable du dossier au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, le biologiste François Lebel. Le nombre de permis de cerf sans bois disponibles en zone libre a été diminué de 27 %. De la zone 3 ouest jusque dans le Bas-du-Fleuve, aucun permis n’a été mis en disponibilité. En Outaouais et dans Lanaudière, le nombre a diminué. Ces mesures, nous les prenons justement pour assurer une chasse de qualité, autant pour cet automne que pour le futur. Dans les régions du Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Montérégie, l’hiver a fait moins de ravages. Mais il faut toujours se souvenir que le chevreuil a une faculté de résilience très élevée. Il suffit que nous ayons un hiver plus clément et le tour est joué. La population va rebondir. Nous suivons l’évolution de la situation depuis 1976, en nous basant sur l’accumulation de neige, en hiver, via des stations spécialement conçues à cette fin. Cette méthode nous a réussi et nous a permis de conserver tout de même un cheptel intéressant partout au Québec. »

Depuis 1976, l’hiver 2019 se classe parmi les trois plus rudes que le chevreuil ait connus sur le continent. Il faut absolument que l’hiver 2020 soit moins rude et surtout avec moins de neige, sinon, là, on pourrait avoir des problèmes plus importants.

Il faut se rappeler que l’hiver est le pire ennemi du chevreuil au Québec, qui se veut l’habitat le plus au nord que l’espèce fréquente sur le continent nord-américain.

« Nul doute qu’il sera plus difficile de déjouer les mâles cet automne, mais il ne faut pas perdre confiance », souligne le spécialiste.

LE CHEVREUIL S’ADAPTE

Pour ce biologiste, qui connaît très bien cette espèce, l’heure n’est pas au découragement puisque le chevreuil a des capacités que, souvent, on ne soupçonne même pas.

« Le chevreuil s’adapte à différents milieux assez facilement. Il suffit de prendre en exemple l’île d’Anticosti qui n’avait rien d’un milieu naturel idéal pour l’espèce. Pourtant, elle a réussi à s’implanter et à se développer au point de devenir l’espèce la plus importante sur l’île. C’est véritablement un bel exemple de survie qui prouve bien que le chevreuil se débrouille avec ce qu’il a pour vivre. Il ne faut pas oublier aussi que c’est une espèce très productive. Les femelles ont un veau par année et même deux ou trois parfois. À ce rythme-là, la population remonte très rapidement. »

Il est certain que ce dernier s’attend à une baisse du niveau de récolte, étant donné qu’il y a moins de permis de cerf sans bois d’émis. Il tient à préciser toutefois aux chasseurs que le Ministère va continuer d’exercer un suivi très serré afin de déterminer l’état de la population et de prendre les décisions en conséquence.

« Ce que nous voulons pour les chasseurs, c’est garder un accès à la ressource chaque automne. »

Reproduction autorisée par Julien Cabana de sa chronique parue le mercredi 9 octobre 2019 dans le Journal de Québec.

LA MDC

Dans le dossier de la maladie débilitante chronique (MDC), le biologiste est bien conscient que certaines personnes ne sont pas en accord avec la méthode mise en place.

« Lorsque nous avons eu cette mauvaise nouvelle le 11 septembre 2018, nous sommes intervenus très rapidement pour éradiquer la maladie ou du moins faire en sorte qu’elle ne se répande pas en milieu naturel. Nous avons reçu de nombreuses félicitations de plusieurs intervenants d’ailleurs qui nous ont souligné que la rapidité avec laquelle nous avions agi allait sans doute éviter de graves problèmes. Pour l’instant, nous n’avons pas de preuves que la maladie est en nature, mais à l’inverse, nous n’avons pas de preuves qu’elle n’y est pas. Les chasseurs sont au cœur de la gestion des espèces. Nous avons choisi de réduire les densités de population via la chasse sportive afin d’obtenir le meilleur portrait possible de la situation. Certaines personnes ont exprimé des craintes concernant l’ouverture de la chasse à l’arme à feu le 21 septembre dernier. Elles ont le droit, sauf qu’il faut se rappeler qu’au Québec, 85 % de la chasse au chevreuil se pratique sur des sites appâtés, avec des chasseurs qui sont dans des miradors. Ils ne circulent pas en forêt. »

Rappelons que plusieurs États américains, de même que des provinces canadiennes, ont perdu le contrôle sur cette maladie. Seul l’État de New York a réussi à limiter les dégâts en utilisant une méthode de prélèvement massif.

Jusqu’à présent, c’est la seule qui a fait ses preuves pour éradiquer cette maladie.

Reproduction autorisée par Julien Cabana de sa chronique parue le mercredi 9 octobre dans le Journal de Québec.

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Chasse

Publié le : 2019-10-11 15:35:58