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La protection de notre faune en régression

Selon le président du Syndicat des agents de la protection de la faune du Québec (SAPFQ), Martin Perreault, leur capacité de protéger adéquatement un de nos plus beaux héritages est sévèrement compromise.

Et ce, à un tel point qu’une réduction notable des effectifs sur le terrain de concert avec une déficience dans le financement du Conseil du trésor, a eu comme effet de réduire ou même empêcher les agents d’exécuter leur mission.

En chute libre

?Selon Martin Perreault, « le syndicat presse le gouvernement de finaliser une entente sur le renouvellement de la convention collective de ses membres qui est en suspens depuis plus de 30 mois déjà. Cela est vraiment absurde, car si le contrat en suspens est approuvé, il sera valable pour quelques mois seulement avant le début de nouvelles procédures pour un renouvellement d’entente. Pendant ce temps, la situation demeure inacceptable au niveau du personnel disponible sur le terrain. Le nombre d’agents a chuté de 440 en 2018 à seulement 295 en 2022 afin de protéger environ 1,5 million km2 d’habitats ».

M. Perreault indique que depuis juin 2019, la formation de nouveaux agents de la protection de la faune a été en mesure de faire graduer un maigre 11 nouveaux agents(es). Aucune cohorte n’a pris place depuis ce temps malgré le fait que le nombre d’effectifs continue de s’effriter. En plus des agents sur le terrain, la protection de la faune compte environ 200 personnes (agents et employés civils) désignées à des rôles administratifs.

« Pendant ce temps, nous connaissons une panoplie de problématiques tels que bris de service, manque de personnel pour enquêter, annulation d’enquêtes sur le braconnage et rupture de services à la centrale du S.O.S. Braconnage. Nous avons 68 bureaux en province et l’idéal serait un minimum de 6-8 agents à chacun d’entre eux. Malheureusement 40% de ces derniers possèdent 4 agents ou moins présentement. Malgré nos efforts de pression pour résoudre ce dossier, le Conseil du trésor semble peu impressionné et ne montre aucun signe d’ouverture nécessaire pour faire avancer le dossier », de conclure Martin Perreault.

La question du braconnage

?Il est certain qu’en raison de toutes les problématiques qui sont imposées à nos agents de protection de la faune (APF) depuis les derniers temps, certains chasseurs mal intentionnés ainsi que les fervents du braconnage ont la tâche facile pour effectuer leur sale besogne comme voleurs de notre Faune collective.

Il n’existe aucun doute que l’enregistrement du gros gibier en ligne et l’absence d’agents sur le terrain représente un incitatif pour les braconniers à enfreindre la loi. Cela inclut la chasse de nuit, tirs effectués hors des heures légales de chasse, récolte de plus d’un gibier, récolter deux chevreuils dans un même secteur, réseaux de ventes de viandes sauvages illégales…et j’en passe.

Il est certain que la pandémie a occasionné le besoin d’enregistrement en ligne afin de limiter la propagation du virus. Mais selon plusieurs, le temps est maintenant propice au retour à l’obligation d’enregistrer les gros gibiers uniquement par le biais d’un poste d’enregistrement.

Cela permet aux délégataires du ministère de la Faune de déceler certaines irrégularités dans les déclarations de certains chasseurs et d’inspecter visuellement le gibier abattu. Les postes d’enregistrement servent également à titre de points d’observation pour les APF pendant les périodes de chasse.

?Somme toute, il existe aucun doute que les services de protection de nos habitats fauniques sont présentement sous la barre de la norme acceptable. Les agents de la faune au Québec jouent un rôle sérieux qui mérite un intérêt plus grandissant de la part de nos politiciens.

Le temps est donc venu pour que le nouveau ministre de la Faune, Benoit Charette, ainsi que la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, se mettent à la tâche afin de rectifier cette situation dès que possible pour que la population québécoise puisse compter sur une protection de notre faune qui se retrouve en régression…

Auteur : Jean Larivière - Chroniqueur / Expert-Conseil chasse et pêche

Catégorie : Opinion

Publié le : 2022-12-02 17:10:32