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Ne jamais dépasser 30 mètres de distance de tir -2e partie-

Lors de notre dernière chronique, je vous suggérais qu'un chasseur à l'arbalète ne devrait jamais dépasser 30 mètres de distance de tir afin de ne pas rater la zone vitale d'un gros gibier.

Je vous présente de la cinquième partie du «Guide d'utilisation de l'arbalète à la chasse du gros gibier», un outil de référence permettant d'éduquer les chasseurs et d'assurer la pérennité de la ressource. 

J'ai participé à la préparation de cet ouvrage en compagnie de Suzanne Desjardins, B. Sc. Physique et monitrice de tir et de Louis Hébert, moniteur de tir. Jeannot Ruel, Ernie Wells, la Zec Bas-Saint-Laurent et le Club de tir du Bas-Saint-Laurent ont aussi collaboré à sa rédaction.

Test de tir dans les branches et comportement dans le vent

Pour valider cette affirmation, nous avons effectué des tests de tir à l'horizontal, en mirador et dans des carcases animales. Ils démontraient que pour obtenir une bonne énergie, une flèche devrait être tirée à l'intérieur de cette distance. D'autres tests ont été effectués par notre équipe. Voici les résultats:

Les branchages 

Un chasseur, avide de saisir une opportunité, tire parfois même lorsque le gibier n'est pas bien visuellement dégagé, c'est-à-dire lorsqu'il est positionné derrière des broussailles (même très petites).

Une telle pratique est à éviter pour plusieurs raisons, outre la dangerosité de la chose. D'abord, les lames rétractables sont peu résistantes au passage dans les branches. Certaines se sont littéralement brisées en morceaux lors des tests. 

Même l'usage de lames de chasse fixes ne résout pas les autres problèmes: les points d'impacts variaient de plusieurs centimètres et, surtout, les groupements de flèches d'une même volée présentaient des dispersions impressionnantes avoisinant parfois les 2,5 mètres!

Le vent

Nos tests ont été faits avec une simulation de vent de 17,7 km/h perpendiculaire à la direction de tir. Un vent surgissant environ à mi-chemin de la trajectoire (14 m) n'a que peu d'incidence sur le groupement et pratiquement aucune sur le point d'impact, car la flèche en vol est déjà stabilisée. 

Toutefois, le même vent agissant à 4,5 m du tireur a un effet néfaste sur le point d'impact et sur le groupement. Notamment, le groupement peut s'élargir de 1 ou 2 mètres!

Il importe donc de savoir « lire » le vent pour compenser son effet avec les tourelles de la lunette de visée ou en décentrant le point de visée. 

Quelles sont les probabilités d'atteindre la zone vitale? Le tableau présenté ci-dessous résume la situation. 

Facteur / Gibier Orignal Cerf de Virginie
Tir à travers les branches 80 % à 98 % 95 % à 99%
Tir avec vent non compensé (à la visée) à 4,5 84 % à 96 % 96 % à 99%

Conclusion

Un tireur a donc de 80 % à 99 % de risque de rater la zone vitale. Un chasseur responsable va attendre que l'animal soit immobile et bien positionné pour viser le centre de la zone vitale. 

Réaction de l'animal (niveau sonore)

L'appel des femelles cervidés atteint une intensité sonore d'environ 60 décibels et les arbalètes décochent avec un son d'une moyenne située dans les 90 décibels, malgré des pièces intégrées sur l'Arme pour atténuer les effets sonores. 

Le tir à l'arbalète étant effectué à courte distance et à basse vitesse (comparativement au tir avec une arme à feu), il est évident que le gibier entend la décoche incluant les vibrations d'ultra-haute fréquence et tente de fuir, se coucher ou sauter avant que la flèche ne l'atteigne. 

La rapidité du cerf de Virginie lui permet de fuir, contrairement à l'orignal, si le tir est décoché à distance adéquate (moins de 30 m). 

Comment remédier au problème? Un tir à une distance supérieure pour étouffer le bruit est impossible: il faudrait compter une énorme distance pour tromper le chevreuil. La vitesse de la flèche n'est que peu modifiable et ne pourra pas être augmentée pour atteindre celle du son, qui dépasse les 1050 pieds par seconde. 

Il faut au contraire se rapprocher du chevreuil afin de réduire l'intervalle de temps entre l'arrivée du son à son oreille et l'impact de la flèche dans la bête. 

Si cet intervalle est inférireur au temps réflexe de l'animal (quatre fois plus rapide que celui de l'homme), nos chances de l'atteindre dans la zone vitale augmentent. 

Auteur : Marius Dechamplain

Catégorie : Opinion

Publié le : 2022-09-06 07:09:15