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Une pulsion interne irrésistible lorsque le printemps arrive

Chaque année au printemps, je suis victime d’une pulsion interne irrésistible. L’envie de prendre le bois à la recherche des panaches tombés durant l’hiver.

Pour moi, la chasse aux panaches a pris une place tellement forte dans mon obsession de chasseur que je considère l’aimer presque plus que la chasse proprement dite.

J’ai débuté la chasse aux panaches de chevreuil au début des années 90. Je faisais la plupart de mes recherches dans la zone 7 qui, jusqu’en 2002, n’offrait que des saisons de chasse à l’arc seulement. Il y avait un ratio mâle/femelle parfaitement balancé. Les mâles de tous âges étaient nombreux ; c’est une des principales conditions pour faire des sorties de chasse aux panaches productives.

Dans ce temps-là, peu de gens s’adonnaient à cette activité. Durant les années 90 et jusqu’à l’ouverture de la zone 7 pour une saison de 9 jours de chasse au fusil et arme à chargement par la bouche, je trouvais entre 25 et 50 panaches chaque année.

Aujourd’hui, ce qui est ironique, c’est que plusieurs jeunes chasseurs s’adonnent à cette activité et qu’elle soit maintenant en danger. Notez que dans la plupart des zones où il y des saisons de chasse à la carabine, les gens ne font pas de chasse aux panaches depuis plusieurs années, car ils se découragent après quelques tentatives.

La zone 7 à perdu son ratio équilibré après l’ouverture de la saison de chasse 2002 et les saisons suivantes. J’estime que la zone 7 avait alors un ratio de 4 à 5 biches adultes par mâle adulte avec cette pression de 9 jours d’armes à feu de courte portée. J’ai encore fait de belles sorties de chasse aux panaches avec ce dernier ratio.

Cependant, mon nombre de kilomètres de marche pour trouver un panache a dû tripler. Malheureusement depuis l’automne 2020, la zone 7 reçoit maintenant une pression de chasse extrême avec une saison de 15 jours à la carabine, et ce, dans les dates les plus productives pour la récolte des mâles de tout âge.

De quoi aura l’air le ratio après deux saisons comme cela? Il y aura un ratio approximatif de 4 À 5 biches par mâle adulte. La chasse aux panaches deviendra pratiquement impossible à pratiquer avec plaisir. Car lorsqu’il faut passer plus de 4 jours complets à marcher pour trouver un seul panache, je me questionne sérieusement sur le futur de cette activité ici même pour moi.

Ce printemps, je serai en Alberta pour tourner un petit film sur les plaisirs de la chasse aux panaches dans des secteurs où le ratio est bien balancé. Je veux réaliser ce film pour stimuler encore plus les chasseurs d’ici à encourager et aider « Unis pour La Faune ».

Nous avons ici au Québec un excellent potentiel pour produire de beaux chevreuils. Mais avec la gestion actuelle, la chasse aux panaches, la chasse aux mâles matures et même la santé des chevreuils en général sont compromises. Rien n’est reluisant de ce côté pour la relève.

Comment motiver un jeune de 16 ans à venir marcher les couverts au printemps pour espérer faire des découvertes que je considère des trésors de la nature s’il lui faut marcher 4 jours pour espérer en trouver un? Saviez-vous qu’en marchant de nombreux kilomètres en forêt au printemps, cela nous permet de nous perfectionner énormément sur l’habitat du chevreuil? Il n’y a aucune meilleure façon d’apprendre que de marcher du terrain. Je suis formateur de chasse et malgré cela, je vous le dis, parcourez du terrain.

Je vous invite à soutenir « Unis pour la faune » et peut-être qu’un jour, le cheptel sera assez en santé pour que nous puissions tous faire de la chasse aux panaches et pour certains récolter un mâle mature ou du moins espérer récolter un mâle mature.

Nos gestionnaires gouvernementaux préféreraient-ils que nos jeunes demeurent écrasés devant un écran?

Auteur : Charles-Henri Dorris

Catégorie : Opinion

Publié le : 2021-03-28 09:38:24