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Registre : comment la population peut-elle se faire une opinion éclairée ?

NDLR: Voici une lettre d'opinion d'un lecteur de Rendez-Vous Nature.ca, Robert Joyal, biologiste, concernant le registre du Service d’immatriculation des armes à feu du Québec.

Montréal, le 16 janvier 2020.

Monsieur le premier ministre François Legault

Par la présente, je viens apporter d’autres arguments à l’encontre du registre des armes de chasse, arguments adressés par l’ancien policier de la GRC, Roland Côté, dans une récente lettre d'opinion disponible sur le site Web de Rendez-Vous Nature.ca

Bien sûr, on ne peut qu’être d’accord avec M. Côté lorsqu’il souligne que le registre fédéral actuel des possesseurs d’armes à feu est amplement suffisant pour vérifier si un perturbateur possède ou non une ou des armes.

La preuve : au printemps dernier lors d’une chasse à l’oie blanche, deux policiers de la SQ nous accompagnaient. Ces derniers ont clairement dénoncé cette rectitude politique causé par le puissant lobby « Poly Je Me Souviens » ( PJMS).

Pour ces policiers, l’important était de savoir si le perturbateur possédait ou non une ou des armes. Leur nombre sur le sofa du salon en attendant l’intervention des policiers importait peu, puisqu’il n’avait que deux bras et ne pouvait de toute façon tenir deux armes de chasse à la fois.

Le registre fédéral des possesseurs d’arme leur suffisait pour indiquer de doubler de prudence. C’est pourquoi ils déploraient cette rectitude politique hypocrite causée par le puissant lobby PJMS. Toutefois, l’exprimer sur la place publique leur est interdit.

Nos policiers moins compétents?

Ces deux compagnons policiers regrettaient aussi que des méchantes langues leur suggéraient ironiquement, trop souvent, que nos policiers québécois étaient peut-être moins compétents que leur confrères des autres provinces, eux qui n’exigent pas de registre provincial des armes d’épaule et qui se satisfont très bien du registre fédéral des possesseurs d’armes.

Monsieur le premier ministre, j’ai personnellement écrit plusieurs fois au cours des années mon opposition à ce registre à La Presse et au Devoir. Jamais, je répète, jamais une de mes lettres ne fut publiée laissant toute la place exclusivement à PJMS et sa porte- parole Heidi Rathjen.

On n’entend et ne voit qu’elles dans les médias. Cette désinformation et cette censure est inacceptable dans une démocratie comme la nôtre. Évidemment, les tenants du registre des armes de chasse, dont des politiciens comme ceux de QS, se font fort de dire que la population est majoritairement pour le registre.

Comment la population peut-elle se faire une opinion éclairée sur les vrais tenants et aboutissants quand on empêche ceux qui s’y opposent de s’exprimer?

Pour faire passer cette couleuvre, les lobbyistes n’hésitent pas à inventer n’importe quoi (10 cents seulement par arme enregistrée). Ils vont ainsi jusqu’à affirmer qu’un tel registre aide aussi à diminuer les suicides prenant les québécois pour des naïfs prêts à tout croire.

Effectivement, comment peut-on croire qu’un suicidaire, l’arme collée sur sa tempe, renoncera à son projet parce qu’elle est enregistrée. Ne pourrait-on pas penser qu’une fois mort il va s’en fouter royalement ?

Toute personne sensée n’est pas contre le contrôle des armes à feu et nous avons un devoir de mémoire pour ces innocentes victimes d’un fou furieux féminicide. Mais à cause de la désinformation institutionalisée (pensons au bien cuit de l'émission «Tout le monde en parle» à ce sujet), la population ne sait pas faire la différence entre ce contrôle des armes à feu et un inutile registre d’armes de chasse.

Je suis persuadé que les Québécois seraient totalement satisfaits d’un interdit des ventes d’armes d’assaut, celles utilisées dans toutes les tueries.

Encore le temps d'agir 

Monsieur Legault, seulement entre le quart et le tiers des armes de chasse sont présentement enregistrées malgré la date limite dépassée depuis longtemps.

Il est encore temps d’arrêter cette hémorragie d’argent qui coûtera au final des dizaines de millions ANNUELLEMENT pour maintenir cet inutile registre à jour, alors que ces millions seraient autrement plus utiles dans les domaines de la santé et de l’éducation ou encore pour pallier au manque criant de personnel dans les CHLSD.

Merci d’avoir pris le temps de lire cette supplique, Monsieur le premier ministre.

Robert Joyal, Ph.D., biologiste , Montréal.

Auteur : Rendez-Vous Nature

Catégorie : Opinion

Publié le : 2020-01-16 15:37:48