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Des chevreuils peu coopératifs dans les forêts du Québec

Si les choses ne changent pas assez rapidement, la saison 2019 de chasse au chevreuil pourrait bien être à oublier pour plusieurs amateurs.

Depuis le début de la saison, les choses sont plutôt tranquilles. Disons que personne ne se bouscule au portillon pour enregistrer la bête récoltée.

Le 2 novembre dernier, une première vague importante de chasseurs à l’arme à feu a déferlé sur plusieurs zones du Québec. Les rapports montrent qu’à plusieurs endroits, les chasseurs n’ont vu que du vent et de la pluie en cette première fin de semaine de chasse.

Dans une station d’enregistrement du lac Mégantic, une dame nous racontait que l’an dernier, les chasseurs faisaient la file pour enregistrer leur bête. Cette saison, la baisse est draconienne. Pas de file d’attente. Même son de cloche d’un vieux chasseur qui fréquente le même territoire depuis des années en Estrie.

Habituellement, même s’il ne pouvait voir la bête qu’il pouvait abattre, il apercevait plusieurs chevreuils. Cette saison, trois chasseurs n’ont vu aucun chevreuil en trois jours.

En fin de semaine dernière, une autre vague est arrivée en forêt, cette fois dans des zones où il y a eu de nombreux permis de femelles tirés au sort. Force est d’admettre que les choses se sont légèrement améliorées, mais pas au point de crier victoire.

Comme tous les grands gibiers, lorsqu’il veut devenir un fantôme, le chevreuil est passé maître dans cet art. Il visitera les sites d’appâtage la nuit ou en dehors des heures légales de chasse, au grand désespoir des chasseurs.

Parfois, on se demande si la forêt n’est pas vide. Les images des caméras de surveillance nous ramènent rapidement à la réalité.

La météo et les amours 

Deux éléments très importants entrent en ligne de compte pour la chasse du chevreuil, soit la météo et le déclenchement de la saison des amours.

Le chevreuil est un animal nerveux. Il aime identifier les sons et voir ce qui se passe autour de lui. Il faut se rappeler qu’il est doté d’une très bonne vue pour distinguer les mouvements qui peuvent l’effrayer. Son odorat et son ouïe sont aussi développés et il aime s’en servir.

Les grands vents, les pluies fortes, ces éléments qui l’empêchent de détecter ce qui se passe dans son environnement, vont dicter son comportement. Même chose pour les grosses chutes de neige. Il ne se déplacera pas trop, préférant plutôt attendre que le beau temps revienne.

Si vous vivez des conditions difficiles, ne vous éreintez pas à l’attendre en vain. Ménagez vos forces pour être là, au poste de surveillance, lorsque les choses vont se calmer. Il va bouger.

Le mois de novembre marque aussi l’arrivée de la saison des amours. C’est à ce moment-là qu’aveuglé par son désir de se reproduire, le mâle commet souvent des erreurs en s’exposant au grand jour, sans méfiance. Il laisse tomber sa garde, et c’est le chasseur qui en profite.

Observez bien les réactions 

Plus on avance dans le mois, plus les mâles seront à la recherche d’une partenaire. Donc, si vous êtes bien installé dans votre mirador et que vous voyez une ou des femelles arriver sur votre site d’appâtage, observez bien leurs réactions.

Si l’une d’entre elles regarde souvent derrière, c’est fort probablement parce qu’il y a un mâle dans les parages. En tant qu’observateur privilégié, si vous attendez le bon moment, vos efforts seront récompensés.

Il faut donc espérer du froid et des nuits très nuageuses pour empêcher les chevreuils de profiter de la clarté de la lune pour se déplacer la nuit. Aussi, une bonne chute de neige les oblige à se confiner dans des corridors de déplacement, ce qui rend la chasse encore plus facile. Le mot de Cambronne à tous les chasseurs : merde !

Reproduction autorisée par Julien Cabana de sa chronique parue le mercredi 13 novembre 2019 dans le Journal de Québec.

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Opinion

Publié le : 2019-11-13 12:01:35