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Qui va à la chasse... prend sa place !

La chasse n’est plus un univers exclusivement réservé aux hommes. Les Québécoises sont de plus en plus nombreuses à s’y intéresser.

Cette présence féminine accrue dans les bois permet de réinventer le dicton et l’on peut finalement affirmer : qui va à la chasse... prend sa place.

Âgée de 31 ans, Stéphanie Parent, une mordue de la chasse, est le reflet de cette activité au Québec. Pourtant, rien ne destinait cette jeune femme née à Repentigny à devenir une disciple de Nemrod.

« Je suis née dans une famille où il n’y avait personne qui pratiquait la chasse ou la pêche, se rappelle Stéphanie. Lorsque nous avons déménagé à Port-Cartier, en raison du travail de mon père, c’est là que j’ai commencé à me retrouver toujours dehors avec mon frère. Nous avons commencé à courir les bois, à tendre des collets et à développer des habitudes autour de nos séjours en forêt. Finalement, je me suis rendu compte que j’avais cela en moi. Avec les années, nous avons fréquenté de nouveaux amis qui nous ont initiés à la chasse du petit gibier. Par la suite, ils nous ont initiés à la chasse du gros gibier. Depuis ce temps, je pratique la chasse de façon assidue. »

En discutant avec elle, on se rend compte rapidement qu’elle passe son temps libre à préparer sa saison de chasse, pour que le moment venu, ses chances de récolter une bête soient les meilleures.

« Pour moi, la chasse, c’est beaucoup plus que simplement faire feu sur une bête. Il y a tout ce qui entoure l’activité. La nature, les couleurs, les sons, les odeurs, tout ce qui nous imprègne lorsque l’on est en forêt. Aussi, j’aime l’esprit de camaraderie, l’échange que l’on peut vivre avec les autres chasseurs. Voir et comprendre la forêt, explorer son territoire, arriver à penser comme le gibier que l’on traque, ça fait partie de l’aventure. »

Dans la parade

N’allez surtout pas croire que Stéphanie n’est qu’une figurante lorsqu’elle participe à une excursion de chasse. Au contraire.

« Je m’investis à fond dans mes aventures de chasse. Je participe à tout, depuis la préparation jusqu’à la récolte. Avec le temps, j’ai eu la chance de rencontrer de très grands guides comme Jason Morneau-Tremblay et Sylvain Morin, qui m’ont beaucoup appris. Au contact d’experts, j’apprends beaucoup, ce qui augmente considérablement mes chances de succès. Selon moi, c’est la meilleure façon d’apprendre à devenir un bon chasseur, en se référant à des gens qui ont acquis des connaissances au fil du temps. L’expérience, dans ce domaine-là comme ailleurs, ça ne s’achète pas. Ça s’acquiert avec des gens qui veulent partager ce qu’ils connaissent. »

Avec les années, elle s’est équipée comme le font tous les amateurs de chasse. Elle possède un camp en forêt, le VTT, le bateau de pêche et tout ce que rêvent d’avoir les chasseurs.

« Je suis comme ça. Tant qu’à faire quelque chose, je le fais au maximum. Si on veut réussir dans ce domaine, il faut mettre toutes les chances de notre côté. Aussi, avec les années, j’ai réalisé une chose importante, c’est que l’on ne peut pas ne pas être bien en forêt. Il faut savoir apprécier chaque moment et apprendre à lire la nature. »

Stéphanie Parent a acquis une certaine réputation. Aujourd’hui, elle est ambassadrice pour la tournée des soirées chasse et pêche de l’équipe de Daniel Gilbert.

« C’est le hasard de la vie qui m’a fait rencontrer ce groupe que j’admire beaucoup. Grâce à eux, j’ai vécu des expériences enrichissantes un peut partout au Québec. Je les ai accompagnés dernièrement lors d’un tournage en Afrique, un rêve que je caressais depuis longtemps. Lorsque j’ai vu Jason récolter un orignal de 55 pouces de panache, dans la réserve des Chic-Chocs, lors d’une excursion de chasse à l’arc traditionnel, j’ai compris. Il avait réussi à faire venir l’animal depuis le haut de la montagne jusqu’à lui. Il a tiré sa flèche à 20 pieds. C’est là que l’on comprend que la chasse combine connaissances du territoire et du comportement animal. »

Passion et patience

Pour Stéphanie, il n’y a pas 56 recettes pour réussir dans le monde de la chasse. Il faut savoir s’organiser, être patient et développer les aptitudes nécessaires.

« Un bon chasseur ou une bonne chasseuse doit avoir la passion et développer la patience nécessaire pour arriver à déjouer un animal. Ce n’est pas toujours facile. Souvent, on se fait jouer des tours, on commet des erreurs. C’est avec ces expériences que l’on finit par apprendre et connaître du succès. Personnellement, je considère que les femmes ont leur place dans ce monde, qui a souvent été réservé aux hommes. En tant que femme, je considère avoir les capacités nécessaires pour déjouer un gibier, le récolter, le respecter jusqu’au moment de le déguster dans le cadre d’un bon repas. Je chasse les espèces que je peux consommer uniquement. Je ne tolérerai jamais le gaspillage. Même lors de notre dernière sortie en Afrique, rien n’a été perdu dans la viande des gibiers que nous avons récoltés. »

Cuisiner le gibier

Sans faire un jeu de mots, elle a ajouté une corde à son arc en suivant un cours de cuisine pour mieux apprêter les viandes de gibier qu’elle récolte. À regarder les photos de certains plats qu’elle a concoctés en forêt, l’appétit nous vient rapidement.

Stéphanie Parent illustre bien le phénomène qui se produit actuellement dans le monde de la chasse au Québec. Les femmes veulent avoir droit au chapitre et tout est là pour qu’elles puissent le faire. La chasse peut devenir une passion, même au féminin. Elle en est la preuve vivante.

Reproduction autorisée par Julien Cabana de sa chronique parue le samedi 14 septembre 2019 dans le Journal de Québec. 

Auteur : Julien Cabana

Catégorie : Opinion

Publié le : 2019-09-21 07:32:27