Rechercher

Chasseurs non résidents: une incompréhensible urgence d'agir

Les représentants fauniques demeurent sans réponse à leurs questions concernant la décision du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, d’imposer des mesures d’encadrement strictes pour les chasseurs non résidents d’orignal.

En l’absence du ministre à son récent congrès, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs continue donc de se questionner sur l’urgence qu’il y a eu de procéder à de telles mesures alors que le plan de gestion de l’orignal n’est pas en révision. 

LE CAS DE L’OURS NOIR COMME OUTIL DE COMPARAISON 

Lors des discussions qui ont récemment eu lieu dans le cadre de la préparation du prochain plan de gestion de l’ours noir, qui lui est en révision, il a clairement été indiqué que le gouvernement n’était pas ouvert à modifier les règles d’encadrement des non-résidents.

La Fédération demandait alors de donner un peu de latitude à ces derniers qui sont présentement obligés de passer par les territoires structurés pour chasser l’ours au Québec, sans aucune exception, ni pour les amis, ni pour les membres d’une famille québécoise qui vivent à l’étranger.

La Fédération a bien obtenu une ouverture pour une discussion sur le sujet l’automne prochain, mais pourquoi opérer une telle modification pour la chasse à l’orignal dont le plan de gestion n’est pas en révision ?

Nombre de permis vendus 

Chasse à l'ours

Année Résidents Non-résidents
2000 3312 4377
2017 15 029 1999

 

 

Chasse à l'orignal

Année Résidents Non-résidents
2000 121 410 1 960
2017 174 060 2 744


Peu de bienfaits pour l’économie du secteur

En lisant ces chiffres, on dénote que l’obligation de passer par les territoires structurés pour chasser l’ours a provoqué une baisse du nombre de chasseurs non-résidents.

Pourtant, comme le nombre de chasseurs résidents a fortement augmenté, on se serait attendu à ce que le nombre de non-résidents augmente lui aussi. Il semble toutefois que ces derniers ont simplement abandonné l’activité plutôt que de se rendre en territoires structurés.

On peut se demander pourquoi on s’inspire de ce modèle pour favoriser l’économie des territoires structurés dans le cas de la chasse à l’orignal puisqu’il est évident que ce règlement n’a pas porté fruit du côté de la chasse à l’ours, surtout si on considère qu’environ 1300 des 2744 chasseurs d’orignal vont en territoire libre ou privé, et qu’ils ne changeront pas leurs habitudes pour aller en territoire structuré.

Jusqu’à maintenant, on a simplement privé les Québécois du plaisir de recevoir des amis chasseurs pour ne générer que de faibles revenus supplémentaires aux pourvoiries, zecs et réserves fauniques.

Accessibilité du territoire pratiquement inchangée

L’autre objectif du MFFP est de donner un meilleur accès au territoire libre aux Québécois. Considérant le nombre de permis de chasse à l’orignal vendus chez les non-résidents (environ 1,6 % des ventes totales), il est difficile de croire qu’un si petit nombre de chasseurs déplacés vers les territoires structurés créeront un véritable changement dans la disponibilité du territoire libre.

RESPECT DES PLANS DE GESTION

Nous sommes inquiets du fait que le ministre ait procédé à une intervention politique afin de faire modifier le plan de gestion de l’orignal ; on sait que pour les gestionnaires de la faune du ministère, il est primordial de respecter l’intégralité des plans de gestion.

Ceux-ci sont réalisés avec rigueur, sur la base d’informations scientifiques, et les règlements de chasse qui leur sont associés ne doivent être modifiés qu’en cas de nécessité biologique, ou en vertu de balises préalablement déterminées lors de leur élaboration. Ce qui n’était pas du tout le cas ici.

Le président de la Fédération, monsieur Marc Renaud, tient à souligner « qu’il est essentiel que les décisions prises en matière de conservation et mise en valeur de la faune reposent sur des valeurs universelles : la préservation de la ressource, le maintien des bénéfices économiques communs et l’accès équitable aux ressources à tous les Québécois.

Lorsqu’on intervient de manière politique et qu’on légifère pour favoriser un groupe, on ouvre la porte à des dérives de gestion susceptibles de toucher éventuellement n’importe qui. La gestion de la faune doit reposer sur de la science, et non pas sur de la politique. 

De plus, le secteur Faune du MFFP a toujours opéré dans un cadre de consultation des membres de la TNF ; alors, pourquoi changer cette façon de faire ? La faune n’appartient pas au ministre Blanchette.

Vous pouvez visiter notre site Web au www.fedecp.com

Auteur : Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs

Catégorie : Opinion

Publié le : 2018-05-02 09:01:03