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Février 2018 marque les 10 ans de la fin du nourrissage d’urgence des cerfs!

La situation actuelle du chevreuil au Bas-Saint-Laurent, surtout dans la Zone 2 Est, continue de faire craindre le pire aux chasseurs de cette espèce devenue fragile au cours des dernières décennies, et émotive avec le temps.

Et le mois de février 2018 marque le 10e anniversaire de la dernière application du Plan de nourrissage d’urgence des cerfs au Bas-Saint-Laurent, déclenché et supervisé par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) du Québec.

Ce qui nous rappelle que le cheptel chevreuil du Bas-Saint-Laurent a « mangé ça dur » au début des années 1990, il y a près de trois décennies, en raison d’une succession d’hivers rigoureux, une dégradation du couvert forestier, imputable aux épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, et à une prédation exagérée des coyotes.

Dans la réserve Rimouski, surnommée le « Paradis du cerf de Virginie, », il n’y a plus de chasse du chevreuil depuis trois ans.

Un premier coup de grâce est survenu à l’hiver 1990-1991 avec une tempête de neige surprise de 67 cm en plein milieu de la saison de la chasse du chevreuil.

Quelque 320 chasseurs sont demeurés coincés dans les forêts du Haut-Pays de la Neigette, au sud de Rimouski. Les cerfs n’ont pu regagner leurs ravages à temps. Ce fut l’hécatombe.

Fermeture et reprise de la chasse du cerf !

En 1987, on dénombrait 9 000 têtes au Bas-Saint-Laurent. En février 1993, la population de cerfs était au seuil limite de 3 000. Pas de chance à prendre, Québec ferme la chasse du cerf en 1993 - 1994 - 1995.

Pendant ce temps, un plan de redressement est mis sur pied, avec la capture de 261 coyotes dans 10 ravages importants de la Zone 2. En février 1996, le cheptel est de 11 000 têtes. La chasse reprend et la récolte de novembre 1996 est de 2 006 chevreuils …. Mais on de voulait plus jouer au yoyo.

Confiné dans ses ravages, le cerf perd rapidement ses forces. Les autorités du ministère du temps et de nombreux partenaires fauniques se disent pourquoi ne pas apporter au cerf une nourriture d’appoint qui lui permettrait de survivre jusqu’à ce qu’il quitte son habitat d’hiver ?

Comme cela se fait en Ontario. Le jardin zoologique de Québec utilisait de la moulée pour nourrir ses cerfs en hiver. Une recette spéciale de moulée est concoctée chez Purina Canada à Saint-Romuald, et testée avec succès sur des cerfs témoins en captivité à Saint-Narcisse, au Sud de Rimouski.

Cinq fois en 6 ans

De 1996 à 2001, le Plan de nourrissage d’urgence est enclenchée à cinq reprises. La dernière intervention est en 2008. Les cerfs auront alors profité d'une nourriture de survie de 167 tonnes de moulée au coût de 105 000 $.

Au cours des années de nourrissage d’urgence des cerfs, le ministère de l’époque disait que le Bas-Saint-Laurent ne peut plus se passer d’un hiver sans la SÉCURITÉ du Plan de nourrissage d’urgence.

Pour cause. Il faut rappeler que jusqu’à l’automne 2000, grâce au Plan de nourrissage d’urgence, la population de cerfs est passée à 11 300 chevreuils avant chasse, soit presqu’un cerf au Km2.

Le Plan faisait ses preuves. Même qu’à l’automne 2000, le ministère a réintroduit la chasse du cerf sans bois avec 300 permis au tirage au sort. Ce qu’on a jamais revu depuis.

Un objectif non atteint

Dans le Plan de gestion du cerf 2002-2008, le MFFP avait prévu une croissance, toujours dans la Zone 2, de 20 cerfs par kilomètres 2, pour une population optimale de 14 300 à 17 000 chevreuils. Ce qui n’a jamais été atteint.

Dans son plan de gestion 2010-2017, le ministère prévoit une population globale de 8 000 cerfs dans la Zone 2, dont 2 000 dans la 2 Est. Or lors de la saison 2017, il s’est récolté 77 cerfs mâles adultes dans la Zone 2 East et 725 dans la 2 Ouest.

Le dernier inventaire des cerfs au Bas-Saint-Laurent date de 12 ans et estimait le cheptel à 7 941 chevreuils à l'hiver 2006 pour toute la Zone 2 BSL. On ne sait pas combien on dénombre de chevreuils dans cette même Zone 2 en 2018?

Outre les hivers rigoureux, la prédation par les coyotes qui reprennent du poil de la bête depuis deux ans, le cerf doit affronter un autre adversaire, l’orignal, dont la pression sur le cerf est tellement rendue forte qu’on me dit même que les orignaux sont rendus à aller s’alimenter directement dans les ravages des cerfs!

Et la situation ne pend pas à s’améliorer. Après trois années de chasse permissive de l’espèce au Bas-Saint-Laurent pour réduire le cheptel de 14 à 10 orignaux à 10 km2, cet objectif aurait été timidement atteint.

On ne nourrit plus les cerfs!

On ne nourrit plus les cerfs de la Zone 2 Est du Bas-Saint-Laurent; on ne les a pas nourris depuis 2008. Le cheptel est en forte décroissance selon les résultats de la récolte de 2017, et pourtant. Voici la conclusion d’une étude de scientifiques du département de biologie de l’UQAR sur le nourrissage des cerfs :

« À la lumière des résultats obtenus le nourrissage du cerf de Virginie n’est pas une solution garante de succès, surtout à long terme à tous les coups lorsqu’il est appliqué. Bien que certaines études aient démontré que le nourrissage des cervidés puisse avoir des impacts positifs sur les taux vitaux lorsqu’il était effectué sur un territoire restreint, bon nombre d’études suggèrent des impacts négligeables, voire négatifs, lorsque le nourrissage est réparti sur une plus grande échelle spatiale et temporelle. Dans plusieurs cas, le nourrissage semblait influencer l’une ou l’autre facettes de l’écologie des cervidés, allant même jusqu’à modifier les communautés animales et végétales, mais parfois de manière imprévisible ou peu intuitives en fonction des facteurs limitant la démographie de la population »… !

Pour ce qui est de la chasse sportive à venir, pas de changements à prévoir pour les deux prochaines années. Le Plan de gestion du cerf de Virginie au Québec 2010-2017 est reconduit en 2018 et en 2019.

La mise en œuvre du prochain plan est prévue pour l’automne 2020 jusqu’en 2027. Pourquoi ?

« Le Ministère n’anticipe pas de problématique particulière au sein des populations de cerfs de Virginie, de la clientèle de chasseurs ou des divers intervenants du milieu », selon une confirmation sur la poursuite du plan et un communication obtenue du bureau régional de MFFP du Bas-Saint-Laurent, à Rimouski.

Quel avenir attend donc le cerf de la Zone 2 Est?

Auteur : Ernie Wells

Catégorie : Opinion

Publié le : 2018-02-28 08:22:30